SHAUN LE MOUTON
LA FERME CONTRE ATTAQUE
by Emma Fromont - October 2019
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Shaun le Mouton – la ferme contre-attaque est un film d’animation en pâte à modeler réalisé en stop motion par Nick Park, créateur du personnage de Shaun le mouton, mais aussi de Wallace et Gromit auparavant. Dans cette deuxième apparition de Shaun au cinéma, le petit mouton fait la rencontre d’une extraterrestre arrivée par erreur sur terre. Toujours sans aucunes paroles, mais avec une BO signée Tom Howe -dont des titres de Jorja Smith, the Vaccines et Kylie Minogue-, on est emporté pendant cette heure et demi d’aventures et on ressort de la salle touché comme après n’importe quel bon film.
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En effet, si les enfants des écoles primaires du pays qui ont eu la chance d’assister à cette avant-première ont passé un excellent moment et se sont esclaffés tout au long du film, Shaun le mouton n’en est pas moins plus que recommandable pour des plus âgés fans de cinéma : l’équipe de Will Becher (à la tête du premier opus) et Richard Phelan profite de cette aventure mêlant avec humour ferme et sciences-fiction pour rendre un hommage à tous les classiques du genre.
Les stéréotypes sont très bien exploités, dès la première scène la typographie du sous-titre (La ferme contre-attaque, ce qui n’est pas sans rappeler une fameuse Guerre des étoiles) se colore d’un vert fluorescent à la Mars Attack !. Le vaisseau spatial se pose avec difficulté dans la forêt devant un premier témoin humain, parodie d’un incipit classique, et par la suite, c’est une femme en costume et lunettes noires à la Men in Black des services secrets qui cherche à capturer LU-LA. Mais Shaun le mouton ne s’arrête pas là : c’est un remake de Spielberg qui attend tout spectateur du film. La dimension familiale est accentuée par la ressemblance du scénario avec celui d’E.T. l’extraterrestre. La navette se pose dans la forêt, pendant les premières scènes l’extraterrestre n’est pas montré, mais seulement devinée. C’est dans une grange que Shaun finit par rencontrer la créature qui deviendra sa nouvelle amie, un extraterrestre attachant, sûrement en raison de sa voix et de sa jolie couleur bleutée à la Stitch. LU-LA n’aura de cesse de pointer en direction de son vaisseau en déclarant ‘Zoum Zoum’, tout comme E.T. montrait le ciel en articulant ‘maison’. Enfin, alors que Shaun et LU-LA ont choisi de monter dans une poubelle jaune plutôt que sur le vélo à disposition, leur ombre s’imprime sur la pleine lune. Puis parce qu’il ne pouvait pas être oublié, l’accès au bureau secret à la James Bond se fait en sifflotant les quatre notes caractéristiques de Rencontre du 3e type.
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Par ses types de plans, sa bande-son souvent emprunteuse et sa première séquence dans l’espace, Shaun rend aussi hommage au meilleur film de Kubrick, 2001 (une opinion qui n’engage que l’auteure). Puis le personnage futuriste de MUGG-1N5, un petit robot du type de Dalek dans Doctor Who (dont on voit le Tardis dans l’espace) gaffe sans cesse pour le plus grand plaisir des plus jeunes.
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La liste semble n’en plus finir, mais comment ne pas relever la chute de l’immense tour construite par les moutons pour le parc d’attraction Farmageddon – titre original du film, charmant jeu de mot entre farm (ferme) et Armageddon- par cet espèce de Transformers qui rappelle étrangement un King Kong chutant après avoir rencontré Ann Darrow ? Shaun est cependant une créature terrestre, qui n’oublie pas avec ses amis mouton de rendre hommage à la photographie (Lunch atop a Skyscraper) ou à Charlie Chaplin, lorsque le plus jeune du troupeau sauve magistralement LU-LA en se faufilant parmi les engrenages du robot pour le débrancher dans un intérieur d’un blanc aveuglant typique des vaisseaux spatial.
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Tout est fait pour qu’on s’attache aux personnages, drôles mais plus mignons que ridicules. Le couple maladroit de LU-LA et Shaun fonctionne très bien, et c’est donc décidément un bon moment que nous avons passé devant ce film d’animation qui a demandé plus de trois ans de travail, et que nous recommandons chaudement à tous !
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