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MR. JONES

by Emma Fromont & Christophe Poulin - October 2019

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Alternance terrible entre les scènes d’opulence et de gâchis alimentaire et paysages gelés, où rien ne dépasse de la neige : Mr. Jones met en image la découverte par un journaliste du Royaume-Uni de la famine ukrainienne orchestrée par Staline, et diplomatiquement cachée par le gouvernement soviétique, mais aussi britannique et états-unien. 

Durant la cérémonie d’ouverture, Agnieszka Holland a présenté son film au public, en avertissant du caractère contemporain de ce dernier : “il n’y a qu’une seule vérité”, fait-elle répéter à plusieurs reprises à ses personnages. Conçu comme un avertissement, elle souhaite que plus personne n’ait à prophétiser que “la nouvelle Grande Guerre a déjà commencé”, et demande à ce que cette fois, nous ayons conscience du danger.

 

La vérité désagréable découverte par Gareth Jones, joué par James Norton, est, suite à sa libération de prison par les autorités soviétiques sous chantage, niée par les journaux occidentaux réputés, dont le New-York Times, comme étant ce qu’on appellerait aujourd’hui des Fake News. Ainsi, le film fait allusion au climat politique de négation des faits empiriques que l’on retrouve malheureusement dans plusieurs pays actuellement. De plus, lorsque le protagoniste revient dans les rues Londres avec ses découvertes considérées comme étant fausses, le spectateur du film peut alors observer que les nouvelles du jour, estimées vraies par les quotidiens anglais, ont pour sujet principal la créature mythique du monstre du Loch Ness. Vraisemblablement, la réalisatrice évoque une réalité de désinformation et de biais de la part des médias présente à l’époque, mais qui est encore tout autant d’actualité.  

L’avertissement est d’autant plus fort que les citations de La Ferme des animaux de Georges Orwell foisonnent, comme pour apporter un commentaire acerbe sur ce qui fut la vérité, mais ne fut interprété que comme fiction. Deux Mr. Jones nous sont directement introduit : le fermier et Gareth Jones. Si le premier est cruel, tandis que le second plein de naïveté et de confiance en le pouvoir de la vérité, tous deux connaissent la décadence face au pouvoir des cochons, qui ne tardent pas à recréer une hiérarchie sociale. Bien évidemment, A. Holland ne pouvait oublier de citer que “tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres” en mettant sous nos yeux le dénuement, la misère totale du peuple ukrainien accablé d’une ‘famine de main humaine’. Scène magistrale, la victoire de Duranty sur la vérité est filmée lors d’un dîner de gala, et alors que debouts, tous portent un toast aux ‘réussites’ diplomatiques, le texte d’Orwell commente décrit : “les yeux des animaux allaient du cochon à l'homme et de l'homme au cochon, et de nouveau du cochon à l'homme ; mais déjà il était impossible de distinguer l'un de l'autre”, alors que la caméra se centre sur Duranty, seul visage net, cochon devenu homme par la corruption. 

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Unframed.

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