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Filmer le cinéma...

et faire du cinéma sous l'Occupation 

by Emma Fromont - October 2019 

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Alors que le festival vient d’être lancé, la première séance au cinéma de La Comète est consacrée à un film de notre invité d’honneur, Bertrand Tavernier. Cet hommage au cinéma français a été introduit par Olivier Broche, programmateur de WoS, qui a judicieusement rappelé l’importance que B. Tavernier a toujours donné au cinéma français durant la Seconde Guerre mondiale.

Laissez-passer, film de presque 3h mais au rythme maîtrisé, a été réalisé en 2001 et raconte l’occupation de mars 1942 à novembre 1943 à travers les destins croisés de Jean Devaivre et Jean Aurenche. Le réalisateur cherche à nous donner à voir cette période difficile et pourtant mère de chefs-d’œuvres du cinéma. Les dialogues de grands films, les images d’archive de ces classiques et la reconstitution de leur tournage sont habilement insérés dans le film, et l’image aux couleurs passées en est nostalgique. La France et sa vie sous l’Occupation est sublimée dans les scènes de vélo de Jean Devaivre, qui rend visite à sa famille réfugiée loin des bombardements de Paris.

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Jean Devaivre est alors un assistant metteur en scène engagé dans la Résistance, assez vite, un peu malgré lui et sous le coup de l’impulsion. Il travaille pour La Continentale, société de production à l’origine créée par Goebbels. Il est interprété par Jacques Gamblin, qui obtint un Oscar du meilleur acteur pour ce rôle.

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Jean Aurenche, joué par Denis Podalydès, est un scénariste indécis à la vie de bohème qui refuse de façon ambiguë de travailler avec les Allemands. Pour éviter de signer à La Continentale alors qu’on le demande, il affirme toujours crouler sous les scénarios, feuilles volantes qu’il peine effectivement à enfermer dans sa valise lors de ses déménagements successifs chez ses trois maîtresses.

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Tous ces personnages réels ont en commun la lutte pour la vie, contre le froid et la guerre. Alors que dans ces temps de rationnement, où la nourriture prévue pour les tournages est systématiquement mangée par les travailleurs des studios de cinéma, le rôle des artistes est plus que jamais interrogé : pourquoi faire du cinéma ? Pour qui, quelle utilité ? Tout le film cherche à y répondre : « le cinéma montre la vie du drapier », l’artisan, celui qui produit. Il s’agit de raconter des histoires, ce qui en temps d’occupation devient peut-être d’autant plus essentiel : il faut distraire, il faut témoigner, il faut laisser une trace de l’esprit. 

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Laissez-passer est donc une entrée dans la filmographie de Bernard Tavernier à la fois hommage au cinéma, et surtout aux hommes du cinéma qui ont fait de leur destin un film.

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Unframed.

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