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INTERVIEW

HAROLD MANNING

Propos recueillis par Christophe Poulin - October 2019 

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C.P: Vous travaillez avec le festival WoS depuis sa deuxième édition, vous l’avez donc vu  évoluer au fil du temps. Selon vous, quel aspect de WoS a le plus changé depuis votre arrivée en 2014? 

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H.M: Un public qui s’est rajeuni et qui s’est à la fois agrandi. Aussi, l’évolution du festival est parallèle à l’évolution de Châlons-en-Champagne, qui pour moi dans ma perception a changé beaucoup. La démographie des salles de cinéma n’est pas tout à fait la même qu’avant. 

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C.P: Précisément, en quoi consiste votre rôle à ce festival de cinéma? 

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H.M: Pour WoS, je viens en tant qu’interprète, c’est-à-dire je fais le traducteur pour les réalisateurs qui viennent pour les débats et les conférences. Il arrive que WoS programme aussi des films que j’ai sous-titré, notamment cette année Peterloo de Mike Leigh et Bloody Sunday de Paul Greengrass. 

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C.P: Selon vous, quel est le plus grand défi dans la traduction d’un film dont la version originale est en anglais?

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H.M: Le meilleur exemple pour ça c’est Peterloo. C’est ce qui a de plus excitant, mais aussi de plus difficile, puisque nous sommes vraiment dans une langue qui a un intérêt linguistique en elle-même. Vous savez que Peterloo raconte des événements qui se sont passés au début du 19e siècle en Angleterre et que finalement tout le monde s’exprime longuement dans leurs discours. Il s’agit de définir pour chaque personnage ce que sont en fait la démocratie et la représentation démocratique. C’est donc des choses qui sont super intéressantes à traduire mais complexes puisque chacun à son langage, dépendamment des niveaux sociaux, de l’expression, en plus d’être une langue qui, à l’époque, a une richesse assez particulière. La traduction, ce n’est pas tellement un travail avec un dictionnaire, il s’agit plutôt d’être sans cesse dans le contexte original, ce qui implique une certaine infidélité à un niveau ou un autre, ce qu’un ordinateur ne comprend pas très bien. 

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C.P: Êtes-vous inquiet quant au futur de votre métier au vue de l’avancée rapide de l’intelligence artificielle (IA)? 

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H.M: Alors non, je ne peux pas dire que je suis inquiet. Par contre je pense qu’il y a un perpétuel changement. De toute façon, quels sont les métiers de la création, de la propriété intellectuelle, même en général, qui ne sont pas destinés à beaucoup évoluer ? Si jamais je me sentais inquiet, tout le monde devrait l’être aussi parce que je ne vois pas tellement dans quel domaine on peut dire qu’il y a pas de changement. Une des choses que je vois tenir le coup, comme commerce à Châlons quand je viens tous les ans, c’est les coiffeurs. Alors là, rien à faire, on en aura toujours besoin. 

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C.P: Avec quel genre de film aimez-vous le plus travailler? 

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H.M: Pour le sous-titrage, on m’appelle toujours pour les films où il y a une difficulté linguistique. Je n’ai jamais travaillé pour un projet, même pour la télévision, où l’on pourrait dire que c’était facile ou normal. 

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C.P: Quel est le ou la réalisateur(trice) pour lequel ça a été le plus important pour vous de travailler avec? 

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H.M: Alors pour moi c’est Jim Jarmusch. Je n’étais pas traducteur, j’avais 16 ans et j’ai assisté à la projection de son premier film, la première en France. Il y avait un débat avec le public et il n’y avait personne pour traduire et ça se passait très mal. Je me suis proposé, j’ai levé la main et j’ai expliqué que ma langue maternelle est l’anglais. Je ne savais pas à l’époque si je pouvais traduire en public. Depuis 35 ans, je suis le traducteur de Jim et on est resté amis depuis toujours. 

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Unframed.

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