4 Roues
3 Banquettes
2 courts métrages
1 projecteur
COURT CIRCUIT
CINEMA NOMADE
"La guerre, c'est aussi du spectacle."
Emma Fromont, Emma Lezier, Christophe Poulin - Octobre 2019
Nous sommes allés à la rencontre de Jean-Baptiste, l’animateur passionné en charge du cinéma nomade Court-circuit venu tout droit de Saint-Brieuc. Cette enseigne dépend de l’association Le Cercle dont le premier champs d’activité est de favoriser l’accès au sport et à la culture dans des zones dites de tension. La valeur principale donnant force au Cercle se retrouve dans le principe d’éducation populaire, autrement dit mener des activités sportives ou culturelles afin de participer à l’éducation politique des citoyens de tout âge présent dans ces quartiers.
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La petite caravane de 15 places permet de déconstruire l’idée d’une culture dite d’élite, que l’on peut retrouver dans les cinémas d’art et d’essai, tout en participant à une démocratisation culturelle.
Là encore, l’objectif de cette séance est d’assister à la projection de deux court-métrage d’animation, lié au thème du festival, puis de poursuivre avec un petit débat, une expression de ce que l’on a noté, compris et questionné. À l’instar de ce que avançait Malraux, le but est de mettre en relation deux oeuvres et de les comparer, ne pas juste être spectateur passif.
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C’est dans ce contexte que Court-Circuit nous a présenté Au bout du fil et Un obus partout, analysés ci-dessous.
Emma Lezier
Au bout du fil, Lukas Schrank (2016)
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Omar et Behrouz sont deux iraniens réfugiés cherchant à rejoindre l’Australie. Mais au mépris du droit international, le pays refuse depuis le 17 juillet 2013 toute demande d’asile : les deux hommes et des centaines d’autres sont détenus sur Manus Island, en Papouasie Nouvelle-Guinée. Au bout du fil, documentaire d’animation de quinze minutes réalisé par Lukas Schrank en 2015, met des images sur leurs témoignages.
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L’esthétique est proche de la bande dessinée réaliste, avec souvent des arrêts sur images, comme si on nous donnait à voir en détail une case de cette histoire. Ces images créées de toutes pièces, dessinées, illustrent avec une puissance extraordinaire la force du témoignage. Leurs voix au téléphone décrivent la séquestration dans ce camp, et notamment la nuit sanguinaire du 16-17 février 2014, lorsque des habitants envahissent le camp avec machettes et armes à feu. La violence de la réalité est rendu tout en subtilité, et l’image ne cherche jamais à prendre le pas sur le récit révoltant des deux hommes.
Emma Fromont

Un obus partout, Zaven Najjar (2015)
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Ce deuxième court-métrage présenté par Court-Circuit est réalisé par Zaven Najjar et révélé au public en 2015. Un obus partout se déroule en 1982 dans un Beyrouth ravagé par la guerre civile libanaise. Le protagoniste, Gabriel, doit retrouver sa fiancée lors du soir du match d’ouverture de la Coupe du Monde de Football. Toutefois, pour ce faire, son ami Mohktar et lui doivent traverser un pont guetté par des militants armés jusqu’aux dents, au péril d’y perdre leurs vies.
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Ce film d’animation évoque des couleurs sombres, telles que le rouge et le noir, rappelant, bien sûr, celle du sang et de l’horreur de la guerre, mais d’autre part aussi les couleurs de négatif d’une pellicule et celles des maillots portés par les deux équipes de foot s’affrontant cette journée-là . De plus, cette projection juxtapose l’aventure de Gabriel et Mohktar avec le commentaire du match Argentine-Belgique se déroulant au même moment. Lorsque la pression monte à Barcelone et Maradona s’apprête à tirer au but, alors la tension à Beyrouth atteint son comble et les coups de feu des mitraillettes retentissent.
Christophe Poulin
